L’anxiété chez le chat : la repérer et
l’atténuer
Le chat est un
animal qui apprécie le calme et la routine. Tout
événement un peu brusque et inhabituel peut
provoquer chez lui stress et anxiété. Tant que
ces phénomènes sont passagers, tout va bien,
mais lorsque lemalaise s’installe, il faut
savoir le repérer et tirer la sonnette d’alarme.
L’harmonie et la pérennité de la cohabitation
avec votre petit compagnon en dépend. Il n’est
pas toujours facile de se rendre compte que les
choses tournent mal ! Les raisons en sont
simples : les symptômes d’anxiété sont divers et
variés , discrets, et parfois trompeurs.
Quand
l’anxiété s’installe
Une anxiété ponctuelle, liée à une situation
précise (un déménagement, une consultation chez
le vétérinaire, un voyage, une fête un peu trop
bruyante, une punition brutale ou effrayante)
peut déclencher des symptômes associés tels que
salivation, tremblements, immobilité complète
(trompeur), ronronnement (encore plus trompeur
!), diarrhées, etc… Votre chat peut même
s’oublier sur place. Ne le punissez surtout pas
! Cela ne ferait qu’empirer son état.
Lorsque le
chat ne peut s’enfuir et que son anxiété est au
maximum, il va sans doute miauler de toute ses
forces.
Que peut-il
faire d’autre ? C’est ce qui arrive par exemple
lorsqu’on le fait de voyager en caisse de
transport.
Ce type
d’anxiété passagère est normal, et ne doit pas
inquiéter outre mesure. Dès le calme revenu et
les habitudes du chat retrouvées, elle
disparaîtra. Cependant, si ces situations
anxiogènes venaient à se reproduire trop
souvent,on pourrait craindre que le chat ne
s’enfonce dans une forme d’anxiété plus grave,
mais plus difficile à repérer : c’est l’anxiété
permanente. Cet état émotif se développe au fur
et à mesure de la répétition d’une ou plusieurs
situations dont le chat ne peut s’extraire.
Comme son nom l’indique, elle est ressentie en
permanence par le petit félin, et s’installe
pour une longue période. Des expérimentations
ont pu démontrer par ailleurs que c’est
l’attente de l’évènement redouté qui est
générateur d’anxiété, plus que l’évènement
lui-même. C’est pourquoi il faudra identifier la
source de l’anxiété et faire au mieux pour
l’éliminer ou habituer le chat à sa présence,
pour que cela ne génère plus d’inquiétude.
Repérer
l’anxiété
Avez-vous pu observer que votre chat
n’explore plus les alentours et manque de
curiosité ? Il refuse depuis peu qu’on le
caresse et garde les oreilles tirées en arrière
lorsqu’on l’approche ? Il reste prostré et
immobile dans un coin de la maison toute la
journée et n’en bouge qu’en votre absence et
seulement pour aller se nourrir ? Il semble
avoir perdu l’appétit, et pourtant le
vétérinaire ne trouve rien d’anormal ? Il vous
réveille toutes les nuits en miaulant à tue-tête
sans raisons apparentes ? Ce genre de signes
doivent vous alerter. Mais ce ne sont pas les
seuls.
D’autres
comportements qui ont pour but d’offrir un
exutoire à cette anxiété doivent également
éveiller votre vigilance.
Par exemple,
votre chat a tendance à s’automutiler : il se
mord ou se lèche toujours au même endroit et
s’arrache les poils et même s’écorche. (C’est
une pelade). Ou bien il s’enferme dans des
comportements répétitifs : se toiletter à
l’excès, courir après sa queue, se faire les
griffes constamment, manger plus de vingt fois
par jour, téter et grignoter des morceaux de
tissu ou des petits objets...
On fait
rarement le lien, mais l’anxiété peut également
déclencher chez le chat de l’agressivité.
Puisqu’il se trouve dans un état émotionnel de
stress permanent, il est moins « patient » et
plus nerveux. Voilà pourquoi il peut vous morde
ou vous griffer sans prévenir lorsque vous le
caressez, ou même lorsque vous tentez simplement
de l’approcher.
Certains chats
« attaquent » même leur propriétaire sans
prévenir, en les mordant très fort, alors qu’ils
faisaient tout autre chose. Sont-ils devenu fous
? Pas vraiment. En fait, ce comportement
s’explique aisément. Tout ce stress accumulé a
besoin de se décharger d’une manière ou d’une
autre (c’est un peu comme un trop ple in qui
déborde).
Et c’est sur
la première chose qui s’agitera devant lui que
l’animal se défoulera, ses propriétaires en
l’occurrence...
Même nous, humain, soumis à un stress constants
et à une anxiété permanente, développons des
comportements répétitifs ou violent : se ronger
les ongles par exemple, ou simplement faire
éclater une colère contre le premier venu. Ça
vous rappelle quelque chose ?
Trouver les
causes du problème
Une fois le diagnostic établi, il faut
maintenant en trouver la ou les causes. Tout
d’abord, depuis quand semble -t-il anxieux ?
Cela peut être récent comme avoir toujours été.
En effet, certains chats sont des « anxieux de
nature ».
C’est très souvent le cas de chats qui, lors de
leur prime enfance (avant sept semaines), n’ont
pas été confrontés à suffisamment de stimuli et
de situations différentes pour y être habitués.
Résultat : toute leur vie, ces chats risquent de
souffrir d’anxiété au moindre objet ou événement
nouveau.
Ensuite, cherchez tout ce qui est répétitif,
fréquent ou quotidien dans la vie du chat, et
qui déclenche sa fuite ou son immobilisation.
Par exemple un nouveau compagnon (chien ou un
autre chat) avec lequel votre minou ne s’entend
pas du tout ou dont il a peur. Dans le même
ordre d’idée, l’arrivée d’un bébé à la maison
est une cause fréquente d’anxiété (cris
perçants, poils tirés, restriction du
territoire).
Autre piste :
avez-vous récemment changé vos habitudes de vie
? Nouveau rythme de travail ou bien des travaux
dans la maison qui s’éternisent, un nouvel
appareil (sono, télévision, machine à laver) qui
l’effraie et qui l’empêche de dormir (pensez aux
vibrations !).
De la même
manière, les punitions répétitives sont un
terrain favorable à l’apparition d’une anxiété
permanente (avez-vous récemment fait
l’acquisition d’un tapis ou d’un meuble que vous
souhaitez protéger des griffes de votre petit
animal ?).
Si votre chat était habitué à se promener à
l’extérieur, et que depuis un déménagement il
doit rester enfermé, cela peut générer chez lui
de l’anxiété (moins de territoire, moins de
chasse).
Enfin, le
départ ou le décès du propriétaire ou d’un autre
compagnon à quatre pattes est une autre cause
possible.
Des
solutions existent
Pas toujours facile de déceler l’origine d’une
anxiété permanente chez son chat, et l’on ne
sait pas forcément quelles solutions adopter. Il
peut être très utile dans ce cas de faire appel
à un comportementaliste qui aidera à mieux
cerner la situation et apportera ses conseils
pour l’améliorer. L’homéopathie ou les fleurs de
Bach seront d’une précieuse aide, d’autant plus
dans le cadre d’une thérapie comportementale.
De manière
générale, pour remédier à un état d’anxiété, on
s’appliquera à éliminer ou diminuer la source de
craintes (en baissant le son, en fermant les
portes pour atténuer les bruits, en délimitant
des territoires pour chacun). Puis on y
sensibilisera de nouveau le chat de façon
progressive en associant l’objet de ses craintes
(le bébé, le chien, la sono…) à des périodes de
jeux et de caresses. Il est très recommandé
d’offrir au chat une pièce de repli, où aucun
autre animal ou enfant ne peut entrer, afin
qu’il puisse s’y réfugier et ainsi se détendre.
Il est également envisageable de laisser son
chat sortir un peu (sous votre surveillance)
dans la cage de l’escalier ou dans la cour de
l’immeuble pour lui offrir d’autres
perspectives. On croit souvent à tort que si le
chat s’échappe, il ne reviendra pas.
Pourtant, en
encadrant convenablement et calmement ses
sorties, et en le rappelant avec une petite
friandise, il revient, d’autant plus s’il vous
fait confiance.
Enfin, une
petite pause dans les punitions est souvent très
salutaire, d’autant qu’il existe des
alternatives : un grattoir ou un morceau de
moquette découpée proche des endroits ou minet
fait ses griffes par exemple. Un « Non ! » dit
d’une voix ferme et sur le fait accompli doit
suffire (une seconde après, c’est trop tard…).
Taper un chat,
le poursuivre ou lui mettre le nez sur sa bêtise
n’est d’aucune utilité. Cela n’a jamais marché
et contribue même à renforcer l’éta t anxieux,
augmentant le risque qu’il fasse ses besoins
hors de sa litière, perpétuant ainsi le cercle
vicieux.
Rappelons pour
conclure que l’anxiété détériore grandement les
défenses immunitaires de l’animal, le rendant
plus fragile aux tumeurs, infections diverses,
maladies cardiaques et digestives. Alors
n’attendez pas pour réagir !
Article rédigé
par Florence Cailliot-d’Ivernois,
comportementaliste et éthologue
www.comportementaliste-chat.com